Undertale - Critique #5

Présentation et critique d'Undertale, le jeu indépendant à succès de Toby Fox.



Après n'avoir étudié que des films et des séries, il est temps que mes critiques, dont j'abandonne le nom un peu nul de CQJP (Ce Que J'en Pense), passent à un autre médium, le jeu vidéo.
Et pourquoi ne pas commencer par une étude et critique d'Undertale, le jeu indépendant à succès créé par Toby Fox.

Il n'y aura pas de spoilers autres que ceux présents dans les bandes annonces et la cinématique d'introduction, cependant, je recommande de jouer d'abord au jeu avant de lire la critique, vous les apprécierez mieux (le jeu et la critique). Sinon,j'espère que cette lecture vous donnera envie d'essayer !

[Cet article était sorti en février 2016, mais pour une raison que j'ignore, il n'était plus en ligne... Le voici donc à nouveau, tel qu'il était, bien que mon avis sur certaines choses que j'ai dites ne soient plus vraiment d'actualité.]


Image de promotion d'Undertale par Guzusuru

PRÉSENTATION GÉNÉRALE



- Undertale :
Sorti le 15 septembre 2015 sur Steam pour PC (Windows et Mac), après plusieurs années de développement par Toby Fox seul (ou presque), Undertale est un jeu indépendant (donc sortant des voies de distribution traditionnelles) proche d'un RPG (jeu de rôle) en pixel-art développé sur Game Maker Studio, dans lequel le joueur incarne un humain qui est tombé dans un monde souterrain peuplé de monstres (depuis que les humains les y ont enfermé suite à une guerre). Il devra parcourir cet univers riche en histoires et en personnages pour revenir à la surface.
L'histoire d'après la démo d'Undertale

Le jeu alterne donc entre exploration de la carte, discussion (textuelle) avec les autres personnages, résolution d'énigmes et de puzzles et combats contre des monstres et autres boss. Le joueur est libre d'agir comme il l'entend, mais on lui offre la possibilité de combattre sans violence. Le jeu possède plusieurs fins, qui dépendent des choix que le joueur a pris au cours du jeu.

Undertale coûte actuellement moins de 10 €, pour une durée de jeu moyenne estimée à 5 heures en moyenne, (pour une seule fois le jeu, mais bien plus pour avoir les autres fins). Estimation car dépend totalement de la façon de jouer, mais il est recommandé de prendre son temps.
Précision importante pour les joueurs francophones, le jeu est en anglais.
Le jeu a connu un très grand succès auprès des joueurs PC, adeptes des jeux indépendants ou pas. Il a aussi reçu des critiques négatives, mais j'y reviendrais au cours de cette critique.

La bande-annonce postée pour la sortie du jeu :



- Toby Fox :
On sait peu de choses sur lui, puisqu'il était jusqu'à il y a encore peu un parfait inconnu.
Toby Fox (à gauche), en compagnie de grands noms du jeu vidéo :
Tim Schafer (Monkey Island, Grim Fandango,...),
Alexey Pajitnov (Tetris) et Patrice Desilets (Assassin's Creed)
Le développeur d'Undertale n'avait jusque là produit que deux choses, un fan-hack de EarthBound, connu sous le nom de "EarthBound Halloween Hack", ainsi que le webcomic Homestuck comme MS Paint Adventures, dont personne n'aurait entendu parler s'il ne s'était pas fait connaître par la suite.
Et voilà qu'à 23 ans, il publie Undertale, financé par un kickstarter de près de 2400 participants pour plus de 50 000 € engagés suite à la publication de la démo gratuite en mai 2013.
Il retarda la release du jeu de plus d'un an afin de boucler le jeu à fond et de l'augmenter. La sortie officielle fut finalement le 15 septembre 2015 et le jeu fut un succès planétaire immédiat.
Parmi ses inspirations, on peut donc citer Earthbound, dans la forme générale, auquel on aura rajouté l'option de ne pas blesser ses adversaires, à la Shin Megami Tensei.
Undertale est développé par Toby Fox seul, sauf pour quelques détails, comme des pixel-arts de Temmie.



UN JEU QUI FAIT POLÉMIQUE


J'ai rarement vu un jeu avec des avis aussi opposés, à part peut-être sur Minecraft. La comparaison tient la route au niveau des arguments esthétiques, mais il faudra y rajouter les arguments idéologiques, plus présents sur Undertale.

Tout ceux qui n'ont eu qu'un aperçu du jeu n'ont qu'un seul commentaire : 'Oulah, c'est moche !".

Oui, c'est moche. C'est des pixels de toutes les couleurs, arrangés dans des formes plus ou moins reconnaissables. Et c'est voulu. Plus qu'un simple hommage aux jeux d'autrefois ou qu'un choix paresseux, le jeu prend le parti d'être moche.
Le personnage jouable au début du jeu
On sent bien que c'est voulu, que ça permet une pré-sélection des joueurs : si vous n'aimez pas les jeux qui utilisent ce genre de graphismes, si vous n'aimez jouer que pour aller jusqu'aux limites de votre carte graphique, vous serez tout de suite mal à l'aise. Car vous incarnez un hideux personnage à la peau jaune, portant une coupe au bol mal faite et un T-shirt rayé d'un mauve du plus mauvais goût, dont voici les détails du visage → (-_-)
La provocation des adeptes des ultra graphics commence dès la première zone dans laquelle ils sont lâchés est la plus laide du jeu, avec des couleurs vomitives et des salles au design simplistes.
Très souvent, les détracteurs de ce jeu n'y ont soit pas joué, soit se sont arrêtés à cette première zone, sans jamais avoir fini le jeu ou juste être allés plus loin.

Le jeu devient plus joli par la suite...



"Tumblrtale", "SJW game" pour quelques-uns...
Les reproches qui sont faits à Undertale vont me permettre de parler un peu de l'affaire de la gamergate.
Afin de bien comprendre, il va falloir passer par des recoins d'Internet qui ne sont pas forcément les plus bienveillants...
Je parle notamment des sites de discussion dans la trempe de 4chan (ce site est souvent cité comme le cancer d'Internet et, bien que je pense qu'on ne peut pas le limiter à cela, difficile parfois d'en dire le contraire).

Ce jeu illustre en effet parfaitement une controverse qui a lieu dans la communauté des joueurs, la gamergate. Celle-ci a été lancée suite à une série d'événements sur les dernières années.
Se limitant d'abord à la critique de la corruption de journalistes du jeu vidéo, comme avec l'affaire des Doritos, la gamergate s'est très vite teintée de sexisme et de menaces suite à deux événements en particulier.

Le premier événement est un « scandale » qui a éclaté lorsqu'une développeuse, Zoe Quinn, a reçu une bonne critique sur un de ces jeux de la part d'un journaliste et fut suspectée d'avoir obtenue celle-ci en échange de rapports sexuels.
Le deuxième, c'est la prise de parole par Anita Sarkeesianune joueuse féministe, notamment avec la diffusion de Tropes vs Women in Video Games,  qui dénonça le sexisme présent dans la quasi-totalité des jeux vidéos.

Une part de la communauté des joueurs, majoritairement masculine, c'est inquiétée de cette remise en question du medium vidéo-ludique et y ont vu la fin de celui-ci, alors que les femmes y prenaient de plus en plus d'importance que ce soit dans la conception ou la consommation des jeux vidéos.
Effrayé par ces femmes qui osaient jouer et parler de jeux vidéo, ils se sont sentis menacés par la « féminisation » du jeu vidéo. Ils instrumentalisèrent ces événements pour montrer qu'elles étaient un danger pour leur culture.
Mais là où l'affaire a vraiment dérapé, c'est que les gamergaters se sont mis a envoyer des menaces (de mort, de viol, etc.) aux concernées et à leur familles... 


À ces gamergaters, s'oppose une autre communauté, proche notamment des cercles féministes. On leur donna le nom de SJW ou Social Justice Warrior (guerrier de la justice sociale), nom se voulant péjoratif désignant la volonté de cette communauté à vouloir établir à tout prix une « justice sociale » en réclamant l'égalité et la fin des rapports de domination.
Bien sûr, ces SJW ne se limitent pas au monde du jeu vidéo, car le sexisme combattu dans les jeux vidéos est aussi omniprésent dans la majorité des cultures et des sociétés. Tout comme les gamergaters qu'on retrouve parfois chez les masculinistes. 
Personnellement, j'ai du mal à voir en quoi SJW est une mauvaise chose, à part peut-être le terme Warrior qui peut paraître effrayant et qui fait référence à cette volonté de justice à tout prix (qui est souvent justifiée). Si des gamergaters lisent ceci, ils me classeront certainement comme SJW : j'approuve en effet leurs idées, mais me retire de l'aspect communautaire de la chose.

Là où je veux en venir, c'est que Undertale, avec son univers si particulier, son personnage au genre indéfini, ses personnages féminins et leur orientation sexuelle qui échappent aux clichés tant dénoncés, ainsi que le fait qu'il reprenne les codes d'un RPG dans lequel, au lieu de tuer ses adversaires, le joueur peut les épargner, tout cela l'éloigne des jeux tels qu'ils sont souvent conçus.
Les conflits peuvent être résolus sans violence

Undertale n'est effectivement pas un jeu violent destiné à faire bouillir la testostérone de ses mâles utilisateurs, dans lequel ils incarneraient un homme puissant volant au secours d'une demoiselle en détresse tout aussi stéréotypée que l'avatar qui la sauve.
Non, il opte pour un jeu plus nuancé, offrant une manière de jouer plus apaisée (ou pas d'ailleurs, le joueur est libre de jouer comme il l'entend), en tout cas qui encourage le joueur a éprouver de la compassion pour les pixels s'affichant sur son écran et les personnages qu'ils représentent.

C'est pourquoi on compte un bon nombre de partisans de la gamergate dans ceux qui critiquent le jeu.
Certains l'ont renommé Tumblrtale, référence à la grande présence des "SJW" sur tumblr, site où les posts répondent aux attaques masculinistes des gamergaters, plus présents sur 4chan. Mais on peut rétorquer que la communauté des fans d'Undertale est surtout active sur Reddit, d'autant que ces fans sont aussi présents et actifs sur 4chan.


… Meilleur jeu au monde pour les autres
Mais tandis que quelques-uns critiquent le jeu, bien souvent sans même l'avoir essayé, la majorité s'est quand même mis d'accord sur un point : Undertale est un très bon jeu.

Un si bon jeu qu'il a été classé meilleur jeu PC et jeu à la meilleure narration par IGN et fut nommé pour les Game Awards pour meilleur jeu indépendant, meilleur RPG et jeu au meilleur impact, bien qu'il n'en ai finalement gagné aucun.
Et voilà même qu'une enquête de GameFAQs le classe comme "Best. Game. Ever.", meilleur jeu de l'histoire selon les votes des participants, passant ainsi  devant les Mario, Pokémon et autres Zelda.


Le jeu s'est rapidement créé une communauté de fans, avec tout ce qui vient avec, en bon et en mauvais.
Les fan-arts défilent, les musiques sont réutilisées partout, des théories sont proposées sur les zones du scénario restées dans l'ombre...
Le jeu est devenu un meme sur Internet, notamment avec la phrase qui est réutilisée au cours du jeu lorsque le joueur sauvegarde : "You are filled with determination." ou bien autour des charismatiques antagonistes principaux.



Ce que critiquent les détracteurs d'Undertale est souvent ce qu'acclament les autres. En effet, les fans du jeu adorent cet univers riche en couleurs et émotions, en histoires et en secrets.
Certains confessent avoir pleuré (de rire et de tristesse) durant certains passages. Il faut reconnaître que le jeu communique facilement des sentiments, on se sent rapidement désolé ou heureux pour les personnages.

Là où je suis un peu moins, c'est que le jeu, bien qu'il ait un univers qui lui est propre, apparaît aux yeux de certains comme une révolution pour le monde vidéo-ludique.
C'est peut-être là qu'il faut se calmer.
Oui, le jeu utilise un système de combat intéressant. Oui, on a la possibilité de ne blesser personne. Oui, le jeu brise le quatrième mur. Oui, le héros n'a pas de genre identifiable et les autres personnages brisent les clichés trop souvent utilisés. Mais tout ça s'est déjà vu ailleurs, bien que peut-être pas tout en même temps. 

Je crois que cette mise en valeur excessive du jeu vient du fait que le scénario, le gameplay, l'histoire et les personnages ont su être très touchants, ramenant ainsi un peu de fraîcheur à l'heure où le joueur a pris l'habitude d'enchaîner des cinématiques interactives et des shooters décérébrés.
C'est comme si Undertale essayait de nous rappelait que le jeu vidéo était un art s'exprimant par l'interaction du joueur avec l'écriture et la programmation du développeur.
Mais c'est loin d'être le seul jeu à faire ça : la scène indépendante regorge de créations aussi intéressantes.

Alors, pourquoi un tel succès pour ce jeu ?
Je n'en ai pas la réponse, mais j'avancerais que les critiques négatives des détracteurs ont poussé les fans d'Undertale à s'associer en temps que communauté par opposition, et que finalement, à trop critiquer le jeu, gamergaters et compagnie lui ont donné la meilleure publicité.


Le problème de l'over-hype et de la communauté
Il s'est hélas passé un phénomène assez courant : quand une œuvre à du succès, il faut la voir avant les autres. Car une fois qu'elle est trop populaire, que tout le monde en parle, elle aura moins d'intérêt à être vue.

C'est ce qu'on appelle l'over-hype et ce que j'appelle le syndrome Game of Thrones : je connais des tas de gens qui adorerait la série, mais elle est devenue tellement populaire, que les personnes qui ne l'ont pas vue ne veulent pas faire l'effort d'essayer, ou se sentiront obligé d'y voir des points négatifs là ou tout le monde l'acclame. C'est un peu ce que je ressens pour The Walking Dead : je ne l'ai pas vue, mais la série pourrait sans doute me plaire (bien que je ne sois pas un grand fan de zombies). Pourtant, je n'ai pas envie de faire d'efforts pour la voir.

Je crois que le même phénomène est en train de se passer pour Undertale : les fans l'ont tellement acclamé, les critiques ont tellement fusé (positives ou négatives), que ceux qui pourraient rattraper le coche et apprécier le jeu ne souhaitent pas faire d'efforts pour essayer.
D'autant que cette hype n'est pas justifiée pour tous...

J'ai fait l'effort de l'essayer, mais on m'avait tellement vendu ce jeu, me promettant une révolution vidéo-ludique, une expérience bouleversante, des larmes de joie et de tristesse, que j'ai été légèrement déçu.
C'est pourquoi je vous invite à l'essayer et à jouer, au moins à la démosans prendre en compte les avis (bons ou mauvais) qu'on a pu en faire (même le mien, c'est pour ça que je recommande d'y avoir joué avant de lire ceci).

Autre problème, qui lui est lié, c'est la communauté de fans.
Ce sont eux qui en vantent constamment les mérites. Ce sont aussi qui vous disent qu'il ne faut pas jouer comme ça, que vous n'auriez pas du faire ça, que la meilleure fin est une telle, au lieu de vous laisser jouer comme vous l'entendez et de pouvoir en profiter.
Cette communauté n'a pas non plus une très bonne réputation sur Internet, car si la paix et l'amour règnent (plus ou moins) en son sein, c'est un tout autre love qui est envoyé sur les outsiders...
Un fan isolé ne pose généralement pas de problèmes, mais les réactions en temps que groupe communautaire posent problèmes quand il s'agit d'une masse répondant aux critiques avec violence, organisant des "chasses aux sorcières" de tout ceux qui diront du "leur" Undertale.
Ils feraient bien mieux de canaliser cette énergie pour produire des fan-arts (quelques exemples illustrent la fin de cette critique) ou des théories farfelues (bien que passionnantes) comme ils sont capables de le faire, et laisser tout un chacun décider de lui-même ce qu'il pense du jeu...

By : LazyDayzGames

Mais alors, qu'est-ce que j'ai vraiment pensé d'Undertale ? Fut-il à la hauteur de mes attentes ? Avait-on raison de me dire que je devais y jouer par tout les moyens ? Est-il ce meilleur jeu de tous les temps ?


MON AVIS


Après cette longue présentation du jeu, de l'auteur, de son succès et de la polémique dans laquelle il s'inscrit, qu'ai-je pensé d'Undertale ?

Je pense que vous avez compris que les critiques négatives qui lui sont le plus souvent faites ne m'ont pas touché. Quand aux positives, je suis d'accord avec la plupart d'entre elles, mais essayons quand même de rester objectif.

Il faudrait d'abord rajouter aux critiques internationales, une plus française : "J'ai rien compris, c'est tout en anglais !".
Fausse critique, donc, puisqu'elle vient du joueur et non pas du jeu.
C'est cependant un élément à prendre en compte : oui, il vous faudra un bon niveau d'anglais pour y jouer. Un patch de traduction en français (non officiel) est en cours de création, mais je ne sais pas si le jeu y conservera son impact, j'ai peur que toute ce qui en fait la saveur, à travers ses jeux de mots, ses expressions, ses noms, ne passe à la trappe...
J'ai personnellement une maîtrise de l'anglais suffisante, je n'ai donc pas eu de problèmes. Mais si vous n'êtes pas capables de suivre une discussion en anglais, vous aurez du mal... Attendez le patch français ou munissez-vous de patience et d'un dictionnaire si vous pensez que vous n'y parviendrais pas.

Un aperçu comique des critiques récurrentes sur les sites français comme jeuxvidéo.com :




Scénario
Il n'a rien de très original. C'est ce que je dis à chacune de mes critiques, mais comprenez qu'un scénario jamais vu tient aujourd'hui du mirage. C'est toujours les mêmes histoires sont racontées, c'est seulement la manière dont elles le sont qui changent.
Or, Undertale la raconte très bien. C'est devenu rare qu'on s'attache autant à des personnages de jeu vidéo et pourtant les protagonistes, des pixels à peine animés, sont très touchants. Si le jeu ne m'a pas chamboulé aux larmes, je dois reconnaître que j'ai eu des frissons dans le dos à plusieurs reprises...

L'humour est omniprésent, qu'il soit noir, absurde, méta, 1er, 2ème, 3ème degré...
By : Ayacinth/Chillisart
Malgré l'univers finalement assez sombre, on trouve toujours un détail qui nous ferra sourire. Undertale joue beaucoup avec le fait que ce soit un jeu vidéo qui en aurait conscience, prenant les codes du genre, les détournant et les utilisant de manière intelligente, apportant une réflexion sur le joueur, l’œuvre et ce qui s'y passe.

Il n'y a pas véritablement de twists inattendus, les bouleversements étant
 toujours pressentis ou annoncés à l'avance. Je ne les dévoile cependant pas, afin de préserver le capital émotionnel qu'ils peuvent apporter.
C'est un jeu qui prend le temps de nous dire quelque chose, de créer des liens entre le joueur et son avatar, entre l'avatar et l'univers dans lequel il évolue.
Du coup, j'ai bien aimé ce scénario, qui nous renvoie facilement à notre propre existence, pleine de bons et de mauvais moments.
Mais un bon scénario peut être gâché par un gameplay maladroit...


Gameplay :
Je ne suis pas un adepte de la tendance actuelle des jeux qui font une pâle copie de "cinéma interactif".
L'interaction que le joueur a avec l'univers qu'on lui présente est trop souvent factice, donnant des impressions de participation.
Entre un jeu où j'appuie sur un bouton pour rendre hommage (cf. Call of Duty : Advanced Warfare) ou pour lancer un enchaînement de coups spectaculaires (cf. God of War) et un jeu où je dois faire des manipulations compliqués (cf. Super Meat Boy) et mourir en boucle pour avancer (cf. Dark Souls), je préfère celui qui me fera vraiment participer et me donnera un vrai sentiment de satisfaction, c'est à dire celui où les échecs à répétition ne font qu'augmenter le plaisir d'enfin parvenir à quelque chose.

Undertale penche plutôt de se côté, ce qui n'est pas pour me déplaire.
Je suis cependant légèrement déçu par le fait que d'avoir trouvé le jeu pas assez difficile, les combats étant parfois un peu répétitifs. Il n'y a pas vraiment de courbe de progression, le jeu paraîtra peut-être dur au début, mais une fois qu'on a compris comment jouer, le challenge disparaît.
Je nuancerais quand même ce que je viens de dire, certaines fins étant plus difficiles à atteindre et j'ai pu y trouver mon challenge.

Cependant, le mode de jeu est très appréciable. Semblable à tous les RPGs quand on se déplace sur la carte, le joueur a envie d'aller voir dans tout les recoins (même s'il doit passer par des longs couloirs vides), de parler avec tout les personnages pour découvrir leurs dialogues fins et amusants.

Un aperçu de quelques options pacifiques,
qui s'adaptent à chaque combat
Les combats sont intéressants : on a notamment le choix entre "attaquer" et "agir", c'est à dire faire une action qui permettra au joueur de gagner le combat sans blesser l'adversaire (chanter, faire une blague, se moquer, réconforter, se rapprocher, etc.). J'ai bien aimé cette façon alternative de jouer.

Le jeu s'adresse directement au joueur, à travers les dialogues, mais aussi tel qu'il a été développé, en bouleversant des règles au préalable établies et gardant en mémoire des actions que le joueur a pu faire sans même avoir sauvegardé, lui faisant prendre conscience que le jeu joue avec lui, autant que lui joue au jeu. J'adore quand les jeux osent faire ça, surtout quand c'est aussi bien réussi.

Qu'en est-il du plaisir des yeux et des oreilles ?


Esthétique :
Je crois avoir suffisamment insisté sur le fait que le jeu est basé sur du pixel-artC'est un style que j'aime bien, mais je sais que ce n'est pas le cas de tout le monde (d'autant que très, voir trop, souvent utilisé dans les jeux indépendants).
La fameuse première zone et ses couleurs douteuses
Ne vous laissez pas dérouter par l'avatar que vous incarnez et la première zone que vous traversez, comme je le disais, ils sont volontairement moches. Mais une fois bien dans le jeu, les couleurs sont plus jolies, les détails plus présents, les designs plus élaborés. Vous aurez peut-être même la surprise de voir le style graphique complètement changer...

Les musiques sont chouettes, quoiqu'un peu redondantes à force de tourner dans les mêmes zones. Tout le monde vante Megalovania : il est vrai que cette piste est excellente, mais n'oublions pas les autres, certaines sont tout aussi bonnes. Et la musique prend pleine part à la narration de l'histoire, s'adaptant à la situation actuelle.
Attention, elles restent facilement dans la tête !



J'ai donc apprécié l'esthétique du jeu, mais vous comprenez bien que cet aspect dépend vraiment de chacun.


Jouabilité :
Je le répète encore une fois, le principal problème que les francophones ont avec ce jeu, c'est qu'il est en anglais. Pas un problème pour moi, mais si vous n'avez pas encore essayé le jeu, il faut le prendre en compte, pour ne pas être frustrés devant un jeu qui pourrait vous plaire, mais dont vous ne comprenez rien.

Je refais ici la critique que le jeu m'a paru un peu trop facile (attention, il n'est quand même pas simple) et que la courbe de progression n'est pas très développée. On est un peu hésitant au début, mais une fois qu'on a compris le principe, les game overs se font plus rares. Mais si vous cherchez du challenge, essayez bien toutes manières de jouer, vous pourriez trouver votre bonheur...

Au sujet de la durée de vie du jeu, je suis également un peu déçu.
J'ai tendance à être assez exigeant là-dessus. J'aime les jeux avec une durée de vie longue (comme Skyrim, dans lequel je découvre encore des choses 4 ans après sa sortie), voir infinie (comme beaucoup de rogue-likes).
Mais je sais bien que c'est compliqué pour un jeu avec ce genre de narration, d'autant plus qu'il a été développé par une seule personne. Je pense que pour ce qu'est Undertale, il a une durée de vie plus que respectable, ça doit juste venir de moi.

Une manière de compenser cette durée de vie, c'est la rejouabilité.
Pour Undertale, c'est mitigé : si j'ai eu la curiosité et l'envie de refaire le jeu pour voir les différentes fins proposées (je recommande à ceux qui ne l'ont pas fait d'essayer), je n'ai plus vraiment eu envie de prendre le temps d'apprécier à nouveau toutes les subtilités du jeu et je passais la majorité des dialogues (ce qui veut aussi dire qu'ils sont suffisamment marquants pour ne pas les oublier).



By : AmyPinkerson

CONCLUSION


Pour résumer, qu'ai-je pensé d'Undertale ?

Et bien je l'ai adoré. Vraiment.
Difficile de rester neutre face à un tel jeu et, si j'ai bien essayé de lui trouver des défauts, je suis aller les chercher assez loin, parce qu'Undertale mérite qu'on s'y intéresse.

A travers des personnages extrêmement touchants, un scénario puissant, un univers riche rempli de petites histoires et détails passionants, Undertale est un peu plus qu'un simple jeu vidéo et je ne suis pas déçu de l'avoir essayé.

Là où je suis plus hésitant, c'est au sujet de tout ses "jeu de l'année", voir "meilleur jeu de tous les temps". Le jeu est bon, mais l'est-il suffisamment pour prétendre à de tels titres ? Le scénario, les personnages, l'univers d'Undertale ont chamboulé les œuvres vidéo-ludiques de référence, sans toutefois être particulièrement révolutionnaire.

En ce qui me concerne, ce fut pour moi "le meilleur jeu sorti en 2015 auquel j'ai pu jouer", mais n'ayant pas non plus testé beaucoup de titres, je ne suis en rien placé pour que ça aie de la valeur.
Parmi les jeux qui pouvaient prétendre à ce titre, auxquels je n'ai pas joué, je mettrai notamment Ori and the Blind Forest, Life is Strange, Super Mario Maker, Her StoryThe Witcher 3 et Bloodborne.
Quand à "meilleur jeu de tous les temps", je pense que ça va quand même un peu trop loin...

Mais le jeu a eu succès mérité et je remercie et félicite Toby Fox pour ce beau chef d'oeuvre vidéo-ludique, conçu par lui seul.
Dans un moment où la démocratisation du jeu vidéo est vu par certains comme une menace pour le médium, Undertale et son succès auprès de tout les types de joueurs rassurent et montrent que le jeu vidéo est encore capable de nous surprendre.

Finalement, on peut caricaturer en disant qu'il y a deux types de personnes : ceux qui ont aimé Undertale et ceux qui n'y ont pas joué.

Donc, si vous ne l'avez pas encore essayé, j'espère que cette critique vous en aura donnée l'envie et que vous lui donnerais une chance (pour ceux pour qui un jeu totalement en anglais n'est pas un problème).
Good luck, have fun !


Et si je n'ai pas pu vous convaincre, peut-être que Flowey le pourra...

Merci d'avoir lu !

Quelques sites
- Site officiel
- Undertale sur Steam
- La démo gratuite
- Le Wiki d'Undertale (attention, spoilers)

Commentaires

  1. Si tu trouves le jeu si facile, pourquoi ne pas l'avoir essayé en mode Génocide ? Je pense que tu réviseras bien vite ton jugement ;)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oh, mais je l'ai fait et je dois reconnaître que c'était pas facile - ou plus exactement que le dernier boss n'était pas facile. Je trouve un peu dommage que toute la difficulté soit placée sur ce dernier boss par contre... Certes, j'ai dû m'y reprendre à plusieurs reprises pour d'autres boss, mais seul le dernier du Genocide Run apporte un vrai challenge.
      Bon, après je titille aussi un peu pour lui trouver quelque chose à lui reprocher, parce qu'au final, la difficulté d'un jeu est seulement secondaire dans ce qui fait que j'apprécie un jeu ou pas.
      Mais merci pour ce retour et bon jeu ! ^^

      Supprimer
  2. Salut,
    Je découvre cette critique en cherchant justement des infos sur Undertale. :) Je la trouve très complète et détaillée. D’ailleurs, je fais partie de ceux qui n’ont pas joué à ce jeu. C’est dommage, qu’il ne soit pas disponible sur mobile iOS ou Android, car je préfère jouer sur mon iPad ou mon mobile.

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

N'hésitez pas à donner votre avis en commentaire !